La pollution issue des sables bitumineux serait sous-estimée
L’exploitation à ciel ouvert des sables bitumineux albertains
serait beaucoup plus polluante et risquée pour la santé humaine que ce
qui a jusqu’ici été évalué. C’est du moins la conclusion d’une étude
publiée lundi par des chercheurs de l’Université de Toronto.
Les scientifiques ont ainsi calculé les émissions d’hydrocarbures
aromatiques polycycliques (HAP) générées lors de l’extraction du pétrole
des sables bitumineux. Mesurer avec exactitude ces polluants est
d’autant plus important qu’ils sont considérés comme hautement
cancérigènes et sont reconnus internationalement pour leur grande
toxicité.
Or, selon les travaux des chercheurs, les émissions d’HAP auraient été grandement sous-estimées. « Nous avons notamment découvert que les estimations officielles des émissions d’un groupe particulier de ces substances toxiques [HAP] utilisées
dans les études d’impact environnemental sont trop basses, ce qui fait
que la possibilité d’un risque pour la santé humaine et l’environnent a
été sous-estimé », a précisé Frank Wania, professeur de sciences environnementales à l’Université de Toronto, qui a conduit cette étude.
Évaporation de polluants
Afin de mesurer plus fidèlement les émissions d’HAP, les chercheurs
ont pris en compte celles qui proviennent des bassins de décantation, où
est stockée l’eau chargée des résidus toxiques de l’exploitation
pétrolière. « Les bassins de décantation ne
constituent pas la fin du voyage pour les polluants qu’ils contiennent.
Les HAP sont très volatiles, ce qui veut dire qu’ils s’échappent dans
l’air beaucoup plus que ce que plusieurs croient », a expliqué Abha Parajulee, coauteur de l’étude.
Les résultats de la recherche sont d’ailleurs cohérents avec des
mesures réalisées dans la région où se trouve le gisement bitumineux de
l’Athabasca, au nord-est de l’Alberta. En plus de ce gisement, deux
autres secteurs comptent d’importantes réserves pétrolières dans la
province. Au total, environ 170 milliards de barils de pétrole
pourraient être tirés des sables bitumineux. La production de l’Alberta
doit passer de deux millions à quatre millions de barils par jour d’ici
2020.
Keystone XL
Cela aura une incidence certaine sur les émissions de gaz à effet de
serre (GES) du Canada. Le gouvernement Harper a lui-même reconnu, dans
un document remis à l’ONU, que les émissions repartiraient à la hausse
au cours des prochaines années. L’industrie pétrolière sera en bonne
partie responsable du phénomène. Uniquement pour les sables bitumineux,
les émissions devraient passer de 20 à 75 millions de tonnes d’ici 2020.
La question des GES était d’ailleurs au coeur du rapport du
département d’État américain publié vendredi dernier sur le projet
d’oléoduc Keystone XL, qui doit faciliter l’exportation du pétrole
albertain. Selon le rapport, ce nouveau pipeline n’aggravera pas les
émissions de GES du côté américain.
Mais selon James Hansen, ancien haut dirigeant de la NASA et membre
du groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat,
Washington devrait dire non au projet de TransCanada. Il estime que si
le Canada exploite pleinement les sables bitumineux, « ce sera la fin pour le climat actuel ».
Avec l’Agence France-Presse
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