Le diabète et l'obésité, ces puissants freins à la croissance mondiale
Si le diabète promet d'être un marché prospère pour les big pharmas (50 milliards de dollars soit 46 milliards d'euros en 2020),
il sera ravageur pour la croissance de nombreux pays. C'est en tout cas
ce que pronostique Morgan Stanley dans une étude publiée le 18 mars. La
banque estime ainsi que 0,5 point de croissance du PIB des pays de
l'OCDE sera perdu chaque année en moyenne à cause du diabète et de
l'obésité, et ce jusqu'en 2035. Au total cela représenterait une perte
moyenne de 18,2% de la croissance du PIB réel (ajusté avec les
prévisions d'inflation ou de déflation, ndlr) de ces pays sur 20 ans.
Quant
à la croissance des BRIICS ( Brésil, Russie, Inde, Indonésie, Chine,
Afrique du Sud), si elle est estimée à 4,5% par an jusqu'en 2035, elle
devrait tomber à 4,2% en prenant en compte les impacts des problèmes
liés au sucre.
Pour obtenir ces chiffres, la banque Morgan Stanley a mesuré les
impacts du diabète et de l'obésité sur la croissance en se basant sur
les statistiques de la fédération internationale du diabète et la
consommation actuelle de sucre par habitant. Outre les dépenses des
Etats pour lutter contre ces deux fléaux, Morgan Stanley a mesuré leurs
impacts sur la productivité, l'abstentéisme des employés (plus élevé
chez les diabétiques et les obèses) et la baisse de leur productivité
(20 à 40% de moins pour les personnes obèses selon Morgan Stanley).
Les pays de l'OCDE les plus touchés: les Etats-Unis et surtout le Chili
Morgan
Stanley estime que les cinq pays de l'OCDE les plus touchés par les
maladies liées au suce seront le Chili, avec une perte de 33% de sa
croissance du PIB réel d'ici 2035, la République Tchèque (-27%), le
Mexique(-24%), les Etats-Unis (-23). Ces pays pâtiront en effet des plus
forts taux de diabète et d'obésité, comme l'illustre le graphe
ci-dessous.
La France parmi les pays de l'OCDE les moins touchés
Les
pays de l'OCDE, les moins touchés devraient être les pays asiatiques.
Les régimes japonais et coréens sont moins riches en sucre et la Corée
du Sud jouit d'une bonne éducation alimentaire. Résultat: le
pourcentage d'obèses et de diabétiques est plus faible dans ces régions
qu'ailleurs.
La France, en dépit de ses pertes estimées à 12% de
croissance du PIB réel en 20 ans, et l'Italie (-14%) devraient être
également moins pénalisées. Et ce grâce à des maladies liées au sucre
moins fréquentes que dans le reste de l'Europe.
La Suisse
figurera également parmi les bons élèves, car en dépit d'une
consommation importante de sucre par habitant, l'activité physique des
habitants est plus régulière que dans bien d'autres pays.
Chez les BRIICS, les pays asiatiques sont plus épargnés
Chez
les BRIICS également, l'économie des pays asiatiques devraient moins
pâtir de la surconsommation de sucre. La Chine (17,33% de perte de
croissance du PIB réel sur 20 ans), l'Inde (-12%) et Indonésie (-9,8%)
s'en sortiront mieux grâce à des taux d'obésité relativement faibles,
malgré des pourcentages de diabète d'origine génétique élevés, note
encore Morgan Stanley.
La Russie (-27%) et l'Afrique du Sud (-38%) seront
les régions les plus pénalisées. Ce qui n'a rien d'étonnant puisque ces
deux pays font partie des plus gros consommateurs de sucre. En Afrique
du Sud notamment, la consommation de sucre par habitant par an
compte même parmi les plus importantes au monde. Elle est actuellement environ 7 à 10 fois supérieure à celle des Chinois en quantité.
>> Voir l'intégralité de l'étude de Morgan Stanley (en anglais)
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