Abeilles : l'Assemblée vote l'interdiction des insecticides néonicotinoïdes en 2016
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L'Assemblée nationale a voté jeudi 19 mars l'interdiction à compter
de janvier 2016 des produits phytosanitaires de la famille des
néonicotinoïdes, réputés toxiques pour les abeilles, en adoptant un
amendement des socialistes Gérard Bapt et Delphine Batho. Un vote contre
l'avis du gouvernement, défavorable à la mesure au motif notamment que « le cadre européen ne permet pas une interdiction stricte », selon la ministre de l'écologie, Ségolène Royal.
Après un constat fait en 2012 par des publications scientifiques du
déclin rapide de populations d'abeilles provoqué par l'emploi de ces
produits, la Commission européenne avait restreint, en décembre 2013,
l'usage de trois substances de cette famille de molécules insecticides
après une empoignade avec les grandes firmes agrochimiques. Des
restrictions qui concernent 75 cultures jugées attractives pour les
abeilles.
Trois fois plus de miel en 1995
Insuffisant déjà pour les apiculteurs, qui réclamaient un moratoire étendu
à toutes les autres molécules de la famille des néonicotinoïdes alors
qu'en 2014 la production de miel en France est tombée à 10 000 tonnes,
contre 32 000 tonnes en 1995, pour un nombre de ruches presque
équivalent. Cinq molécules restent actuellement autorisées en France.
Lire aussi : Moins de miel, mais plus d’apiculteurs en France
L'interdiction vise désormais toute la famille des néonicotinoïdes,
pour éviter que l'industrie ne substitue des produits cousins après le
retrait d'un produit précis, selon M. Bapt, par ailleurs médecin de
profession.
Appelant à « entendre le cri d'alarme des apiculteurs » vu
la mortalité actuelle massive des abeilles, par exemple dans le
département des Deux-Sèvres, l'ancienne ministre de l'écologie Delphine
Batho a souhaité que la France fasse avec tous les néonicotinoïdes « un moratoire » du même type qu'avec le maïs OGM.
« Une action volontariste »
Sur ces néonicotinoïdes « dévastateurs pour un certain nombre d'espèces et faisant courir un risque de santé publique », la rapporteure Geneviève Gaillard (PS) s'était montrée hostile à « une interdiction brute », par souci d'« efficacité » et de « ne pas gêner les avancées du gouvernement », disant craindre que ces produits restent utilisés dans le cadre de dérogations, en l'absence d'« alternative » chimique.
Dans sa « feuille de route » écologiste, présentée le 4 février, le gouvernement a assuré que la France mènerait « au niveau européen une action volontariste » pour que les substances néonicotinoïdes des pesticides soient réévaluées « au
plus vite, en prenant en compte toutes les études concernant les effets
sur les colonies d'abeilles, les pollinisateurs sauvages, la faune ».
Cette décision des députés intervient alors qu'une enquête de la
Commission européenne, rendue elle aussi publique jeudi, tire la
sonnette d'alarme : près de 10 % des quelque 2 000 espèces sauvages
d'abeilles européennes sont menacées d'extinction. Si aucune mesure
n'est prise, 5 % supplémentaires le seront dans un futur proche.
Lire (édition abonnés) : Inutiles tueurs d’abeilles
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