Un
nouveau rapport scientifique vient d'être remis à la Commission
européenne, qui dresse un constat alarmant sur les pesticides
néonicotinoïdes tueurs d'abeilles (1).
Pour
les scientifiques et les citoyens, le doute n'est plus permis : les
conclusions de ce rapport jusfient largement une interdiction ferme et
immédiate de ces substances.
Pourtant,
la Commission européenne fait la sourde oreille. Et en face, des
centaines de lobbyistes de l'agro-industrie sont en train de se démener
pour obtenir la réhabilitation de leurs poisons - à coup de procès
contre le moratoire devant la Cour européenne de justice, de chantage à
l'emploi et à la délocalisation...
...et
à coup d'études «confidentielles» que personne n'a le droit de lire en
dehors des institutions européennes - assurant que leurs produits 10 000
fois plus toxiques que le DDT ne sont dangereux ni pour les abeilles,
ni pour la santé ou l'environnement...
La pression est énorme et nous avons plus que jamais besoin de vous.
A force de sonner le tocsin et de mobiliser les troupes, scientifiques et associations citoyennes ont gagné du terrain face aux pressions gigantesques de l'industrie agrochimiques sur les institutions.
Les
pétitions de Pollinis pour faire interdire les pesticides
néonicotinoïdes ont réuni plus d'un million de signatures, et
aujourd'hui nous faisons appel à vous pour enfoncer le clou, et nous
aider à doubler ce chiffre pour obliger la Commission à faire le seul
choix qui s'impose face aux évidences fournies par la science :
interdire – totalement et définitivement - les néonicotinoïdes et autres
pesticides tueurs-d'abeilles. !
Déjà :
- En France, l'Assemblée nationale vient de voter un amendement
interdisant les pesticides néonicotinoïdes à partir du 1er janvier 2016
(2). Et la bataille se poursuit au Sénat où l'amendement doit encore
être adopté. Cela aurait été tout simplement impossible il y a quelques
mois - preuve que les politiques ont bien entendu notre signal
d'alarme !
- Aux Etats-Unis, l'Agence de protection de l'environnement (EPA),
souvent accusée de complaisance vis-à-vis de l'industrie chimique, vient
d'annoncer qu'elle suspendait purement et simplement toute nouvelle
autorisation de néonicotinoïdes tant que les entreprises agrochimiques
n'auront pas apporté la preuve de leur innocuité
Et en Europe, le dernier rapport de
l'EASAC - l'association réunissant les Académies scientifiques de tous
les pays européens – est sans appel : les néonicotinoïdes ne sont pas
seulement dangereux pour les abeilles, les bourdons et autres
pollinisateurs indispensables à la diversité du monde végétal... ils
représentent désormais une menace sérieuse pour la protection des
cultures et l'avenir même de nos productions - et risquent de
compromettre à terme la sécurité alimentaire de toute la population !
Face à ce constat alarmant, et aux
initiatives prises en France et aux Etats-Unis, la Commission européenne
doit tirer les leçons qui sautent aux yeux et interdire totalement les
pesticides néonicotinoïdes.
Malheureusement, l'institution paraît faire la sourde oreille aux demandes des scientifiques et des citoyens.
Pire
: lors de la présentation du dernier rapport de l'EASAC cette semaine,
qui donne des informations saisissantes sur l'impact des néonicotinoïdes
sur l'environnement et la biodiversité, le seul représentant de la
Commission présent, le chef de l'Unité Pesticides à la Commission, a
botté en touche.
Il a déclaré que cette étude
n'apportait rien de nouveau, qu'elle n'avait pas de "valeur ajoutée" –
et a écarté les conclusions pourtant frappantes des scientifiques d'un
revers de la main.
Je vais vous détailler dans quelques
instants les conclusions de cette étude, et vous jugerez par vous-même
si les risques qu'elle décrit méritent d'être passés sous silence...
Si les lobbies agrochimiques
gagnent la bataille et qu'ils arrivent à convaincre la Commission de
remettre les néonicotinoïdes sur le marché, c'est une catastrophe
sanitaire et alimentaire sans précédent qui nous attend.
Je n'exagère pas.
Etude après étude, en laboratoire et
sur le terrain, les scientifiques qui se sont penchés sur ces substances
ont constaté des effets sur l'environnement et la biodiversité qui
dépassent tout ce qu'on avait pu imaginer jusque-là.
Leurs
conclusions sont accablantes, et chacune d'elle justifierait à elle
seule une interdiction immédiate de l'utilisation de ces pesticides :
– Mode d'administration par enrobage : des graines mortelles pour les oiseaux et rongeurs des champs
Les néonicotinoïdes sont appliqués directement par enrobage autour de
la graine, et 20 % de la substance se développe avec la plante,
circulant dans sa sève, et suintant par ses feuilles pour décimer les
insectes qui s'en approchent (ennemis ou amis...).
L'un des problèmes posés par ce mode d'administration (vous verrez
qu'il y en a bien d'autres…), c'est que des graines hautement toxiques
risquent de rester à la surface du champ et attirer les rongeurs et
oiseaux qui s'en nourrissent habituellement.
Les effets à long terme sont dévastateurs sur les oiseaux : aux Pays-Bas, des espèces aussi communes autrefois que l'alouette des champs ont vu leur population diminuer de 96 % depuis 1990 (début
de l'utilisation des néonicotinoïdes) - tandis que le bruant de maïs et
la perdrix grise auront bientôt complètement disparu (3).
L'autopsie d'oiseaux sauvages (canards,
pigeons…) montre la présence de néonicotinoïdes dans leur organismes.
Il aura suffi parfois qu'ils ingurgitent une seule graine pour que la
substance leur soit fatale : des études ont montré que la dose léthale
pour une perdrix est de 6 graines, et de 1 graine et demi pour un
moineau – des quantités qu'il est très facile de trouver aujourd'hui
dans la nature et les champs (4).
– Pollution permanente des sols :
Comme dit précédemment, moins de 20 %
seulement des néonicotinoïdes qui servent à enrober les semences sont
absorbées par les plantes : les 80 % restants partent dans les sols (5), à des concentrations très fortes qui déciment les populations de vers de terre et autre laboureurs naturels de la terre.
Une fois dans les sols, les
néonicotinoïdes peuvent y rester jusqu'à 3 ou 4 ans - assez pour
anéantir toutes les aides naturelles à l'entretien et la régénération de
la terre (6).
– Contamination des eaux, et extermination des espèces aquatiques :
Une grande partie de ces substances ne
reste pas dans le sol, mais est lessivée par les pluies jusqu'aux aux
cours d'eaux et aux nappes phréatiques.
Une étude menée en Californie a trouvé des néonicotinoïdes dans 89 % des cours d’eaux étudiés (7).
Les néonicotinoïdes sont très toxiques
pour les invertébrés aquatiques, et les populations de poissons qui s'en
nourrissent. Les populations aquatiques rendent naturellement des
services de "nettoyage" des eaux qui ne sont pas remplaçables
technologiquement à grande échelle. Leur disparition serait une
catastrophe écologique sans précédent.
Or, une étude relève déjà une baisse
désastreuse de la biodiversité des cours d'eaux en Allemagne, en France
et en Australie – jusqu'à 42% de micro-organismes en moins aux
endroits où l'on constate par ailleurs un taux de contamination élevé
aux néonicotinoïdes (8). L'impact sur les poissons qui se nourrissent de
ces organismes est encore difficile à mesurer…
– Menaces pour l'avenir de l'agriculture et la sécurité alimentaire
Le pire, c'est que les pesticides
néonicotinoïdes ne permettent pas d'envisager une protection stable et
pérenne des cultures face aux ravageurs qu'elles sont censés détruire.
Au contraire, il reste peu de
temps avant que l'intégralité de ces ravageurs ne se soit accoutumé
complètement à la substance, et y devienne insensible.
Les études menées sur le doryphore, le scarabée ravageur de la pomme de terre, montrent une résistance déjà 100 fois supérieure en dix années seulement (6).
Même chose pour la punaise du pêcher,
l'un des ravageurs les plus tenaces en France : des études montrent que
ce bio-agresseur a déjà procédé à une évolution génétique lui permettant
de résister aux néonicotinoïdes (9).
Des études menées dans les champs montrent une insensibilité croissante des populations de punaises du pêcher à ces produits (10).
Des résistances sont en train de se développer chez les ravageurs du colza (11) et du blé (12) cultures traitées quasi-exclusivement avec des néonicotinoïdes par enrobage.
En clair, si rien n'est fait pour
enrayer la spirale du tout-pesticides, d'ici quelques années les
néonicotinoïdes ne seront même plus capables de protéger les grandes
cultures contre les attaques des ravageurs.
Ils auront détruit durablement
l'environnement, et nous laisseront avec des cultures sans protection, à
la merci de ravageurs rendus surpuissants, et que plus rien ne pourra
arrêter.
Même les ennemis naturels des parasites
ne pourront plus rien pour nous aider, car leurs populations, sensibles
aux néonicotinoïdes, sont déjà en voie d'extinction !
Personne,
aujourd'hui, n'a de solution à proposer après ça. Même pas l'industrie
agrochimique, qui pourtant continue de faire pression sur la Commission
européenne pour remettre ses produits sur le marché – et s'assurer
quelques années de profit supplémentaires avant le déluge...
Il est temps d'arrêter l'hécatombe, avant qu'il soit trop tard.
Il est évident que si on en arrive à de tels extrêmes, c'est la sécurité alimentaire de la population toute entière qui n'est plus assurée.
L'enjeu est dramatique, et dépasse
largement les quelques milliards de profits que se font les industries
agrochimiques en commercialisant ces produits.
Nous n'allons pas les laisser sacrifier
notre santé, notre alimentation et celle des futures générations, tout
ça pour satisfaire leurs profits immédiats !
La décision de la Commission, va être décisive pour notre avenir à tous :
soit elle cède à la pression des lobbies agrochimiques, autorise les
néonicotinoïdes et nous condamne tous à une catastrophe sans
précédent...
...
soit elle entend la mobilisation des citoyens et les appels de détresse
des scientifiques, prend conscience du danger, et nous permet
d'échapper au pire en interdisant pour de bon les pesticides
néonicotinoïdes.
Il est clair que si les citoyens ne se
regroupent pas rapidement pour constituer une force de frappe massive et
organisée, et qu'on laisse le champ libre aux lobbies agrochimiques
pour séduire la Commission, c'est la première option qui sera retenue...
C'est pourquoi nous faisons appel à
vous, de toute urgence, pour nous aider à organiser une mobilisation
massive dans toute l'Europe !
Pétition après pétition, nous avons
déjà réussi à réunir les signatures de plus d'un million de citoyens à
travers l'Europe, pour demander l'interdiction pure et simple des
néonicotinoïdes.
Nouvelles évidences scientifiques en
main, nous allons redoubler d'efforts pour mettre une pression
déterminante sur la Commission et obtenir la victoire des citoyens et du
bien commun sur les intérêts à court terme des agrochimiques !
C'est très important : plus nous serons
nombreux, et plus notre force de frappe sera déterminante pour peser
face aux pressions des lobbies.
Alors, n'oubliez pas, après avoir signé votre pétition, de transférer ce mail le plus largement possible autour de vous.
Personne ne doit ignorer ce qui nous
attend tous si ces pesticides sont remis sur le marché. Et, je crois que
vous serez d'accord avec moi, personne ne peut accepter qu'on mette
ainsi en danger l'avenir alimentaire de nos enfants, pour satisfaire aux
intérêts de quelques grosses firmes bien placées !
Un grand merci par avance pour votre
action, pour préserver l'environnement et la biodiversité, et assurer la
pérennité de l'agriculture.
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